PHILIPPE GÉRARD : PÉDOCRIMINALITÉ SOUS COUVERT D’HUMANITAIRE



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En juillet 2021, Philippe Gérard a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à :

  • Huit ans de prison
  • L’obligation de suivi socio-judiciaire et de soins pendant 10 ans
  • L’obligation de demander l’autorisation avant tout voyage à l’étranger pendant 10 ans
  • L’interdiction définitive d’exercer toute activité au contact de mineurs
  • Inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais)


Pour une vingtaine d’agressions sexuelles commises sur des enfants de 6 à 14 ans, la plupart orphelins, au Népal et au Cambodge entre 2011 et 2015. Le tribunal l’avait également condamné à verser une indemnité de 3000 euros à chaque enfant, mais étant insolvable c’est le fond d’indemnisation qui avait pris le relai. Les victimes étant étrangères, elles n’ont pas accès aux démarches qui permettent aux victimes d’être indemnisées quand l’auteur n’a pas les moyens financiers de le faire.

Le parquet ayant requis 14 ans de prison, il avait fait appel de la décision. En février 2022, Philippe Gérard a été de nouveau jugé par la cour d’appel de Paris qui avait confirmé les 8 ans de prison.

L’AFFAIRE :

Une enquête a été ouverte au Népal, à l’été 2014, après le rapport de l’association népalaise Saathi. Cet organisme, créé pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants au Népal, avait suivi pendant plusieurs jours le suspect dans les rues de Katmandou au contact de jeunes mendiants. Sous la couverture d’une association humanitaire, il approchait de nombreux enfants.
« Des photos de lui avec des enfants très jeunes avaient été prises ». « Son comportement, très tactile, avait vite attiré l’attention. Il louait des chambres d’hôtel dans lesquelles il logeait avec sept ou huit enfants. Il était censé financer leurs études par le biais de parrainages venus du monde entier. Mais, au regard de son passé judiciaire, il n’aurait jamais dû se trouver ainsi au contact de ces gamins… »


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Grâce à l’ONG et aux autorités Népalaises, en France, l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) a ouvert une enquête en mars 2015. Dans ce cadre, des policiers français se sont rendus à Katmandou pour recueillir la parole de plusieurs enfants victimes. Après plusieurs mois de surveillance et d’enquête, le 30 octobre 2015, Philippe Gérard a été arrêté à Alès. Il s’était enfui du Cambodge pour échapper aux enquêteurs. Après des escales dans plusieurs pays, il s’était réfugié chez sa mère, là où il avait finalement été arrêté.

C’est le fruit d’une collaboration entre des policiers de l’office central de répression des violences aux personnes de la police judiciaire et par les effectifs de la brigade anti criminalité du commissariat d’Alès. En novembre 2017, après deux ans de détention provisoire, Philippe Gérard a été libéré et placé sous surveillance électronique. En attendant son procès, il lui était formellement interdit d’entrer en relation avec des mineurs.

En juin 2021, s’était ouvert le procès au tribunal correctionnel de Paris, contre Philippe Gérard, alors âgé de 51 ans. L’ONG SAATHI avait organisé les voyages de 11 victimes Népalaises pour qu’elles soient présentes à l’audience. Une première en France. Les victimes étaient représentées par :

  • Maître Stéphanie Chabauty avocate des enfants victimes du Cambodge pour l’association « Famille Assistance »
  • Maître Joseph Breham avocat des enfants Népalais.
  • Maître Noémie Saidi-Cottier avocate de l’ECPAT , une association de protection de l’enfance qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants.


L’association ECPAT et ses avocats, Maître Saidi-Cottier et Maître Breham, avaient effectué des démarches pour que les enfants ne soient pas uniquement représentés par une association française mais en tant que parties civiles directes. Parmi eux, Anil, Binod et Népali. Grâce à l’appui de l’Alliance des avocats pour les droits de l’homme (AADH), les deux avocats, se sont rendus début 2018 à Katmandou pour rencontrer 11 enfants suivis sur place par l’ONG Saathi. Ils ont dit avoir ressenti un choc en faisant la connaissance des enfants, au monastère Wat Noréa, à Battambang :
 » On a été frappés par le fait qu’ils avaient vraiment l’air d’être très jeunes. On leur donnait 6-8 ans, pas plus, alors qu’en fait ils étaient plus âgés puisque les faits remontaient à la période allant de 2011 à 2015 « .

Lors de l’audience, Maître Saidi-Cottier s’était exprimé au sujet du signalement de l’ONG SAATHI:
 » Cette ONG a mené en toute discrétion un remarquable travail d’enquête qui a permis de faire un signalement très étayé auprès de la justice française « .
Les enfants s’étaient confiés, ils avaient raconté comment Philippe Gérard lavait lui-même les plus jeunes et partageait volontiers son lit avec eux.
 » Il m’embrassait avec la langue et caressait mon pénis. Souvent, aussi, il me demandait de le masturber « , a rapporté Anil, 14 ans, à Me Joseph Breham.
 » Il prenait des photos de nous, nus, après le bain. J’ai souvent dormi avec lui. A de nombreuses reprises, il m’a touché. Il a également pratiqué des fellations sur moi. Il m’a demandé de faire la même chose sur lui, mais j’ai refusé. » avait déclaré Binod, à l’époque âgé entre 7 et 8 ans.

La dernière fois que les « plastic boys » ont vu celui qu’ils surnomment « Uncle », au début de 2015, il les aurait mis en garde:
 » Il nous a dit que des bruits circulaient le concernant, qu’on viendrait peut-être nous poser des questions, et il nous avait demandé de seulement dire qu’il était un homme bon  »  



LE PASSÉ JUDICIAIRE DE PHILIPPE GÉRARD :

Les investigations ont permis de révéler le passé judiciaire et le modus operandi de Philippe Gérard :
Il avait déjà été condamné en mars 2005 par le tribunal de Thonon pour des attouchements sexuels commis en 2001 sur des enfants âgés de 8 à 12 ans, à :
  • Trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis
  • Obligation de soins
  • 15500 euros de dommages et intérêts à verser à cinq garçons victimes
  • 300 euros à trois mères de familles parties civiles
  • Un euro symbolique à son employeur, la caisse d’allocations familiales de Dieppe

Les faits se sont déroulés dans un cadre professionnel, lorsqu’il était sous-directeur de la colonie de vacances de la caisse d’allocations familiales de Seine-Maritime, dans un séjour à Abondance (Haute-Savoie). Les parents de dix enfants s’étaient constitués parties civiles mais le tribunal n’avait retenu que cinq cas, rejetant notamment les demandes des parents de trois petites filles, en se basant sur les simples déclarations répétées de l’accusé Philippe Gérard à savoir, qu’il n’avait pas d’attirance sexuelle pour les petites filles.
Il avait déclaré aux enquêteurs  » être depuis l’adolescence intéressé par les garçons « , et n’avoir jamais pu révéler cette face obscure à personne « . Il avait reconnu quatre agressions sexuelles dans un délai de quelques minutes sous une tente, notamment des fellations faites à des garçons de 8 et de 9 ans.

Nous apprenons qu’il était très bien considéré par sa hiérarchie. Selon elle, il s’attachait à rappeler les règles aux moniteurs, tant sur la sécurité, l’hygiène que sur le respect des droits de l’enfant. Il disait que :  » les petits étaient des personnes à part entière « .
Son avocat avait affirmé que depuis 2002, il suivait une psychothérapie et qu’il était en train de changer de métier en suivant une formation de cuisinier.

Comme à chaque affaire, nous pouvons constater que les peines de prison et les suivis psychologiques ne sont, à aucun moment, un frein à la récidive.

A partir de 2008, comme l’ont attesté ses deux passeports, l’homme a séjourné régulièrement au Népal, au Cambodge, en Inde, en Thaïlande et au Laos.
L’année suivante, à l’été 2009, il a trouvé un emploi saisonnier au snack du camping de la Bastide à Sampzon, en Ardèche, essentiellement fréquenté par des touristes néerlandais, car les propriétaires le sont. Quelques vacanciers se sont alarmés car le cuisinier passait beaucoup de temps à jouer dans la piscine avec des enfants et l’ont signalé au personnel du camping. Aucune plainte n’avait été déposée, néanmoins, les propriétaires du site, Inge et Jef Duterloo , l’avaient licencié. Nous pouvons supposer que personne n’a fait de signalement à la police, sinon ils auraient eu connaissance de son passé judiciaire. Martine, la gérante , a permis son embauche dans l’autre restaurant qu’elle gèrait, à quelques centaines de mètres plus loin, au camping du Chassezac. L’incident est clos. 


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LES DEUX CAMPINGS, À SAMPZON

Durant cette période au camping de la Bastide, et suite à la rencontre avec Martine Jourdan Pasquier, il a fondé une association humanitaire, qui s’appelait  » PHILMY VOYAGEURS SOLIDAIRES  » et qui avait pour vocation de financer les actions éducatives ou sanitaires au profit d’enfants en situation de précarité dans des pays du tiers monde. Une belle couverture pour organiser un cadre légal et des conditions pratiques pour, de nouveau, commettre des crimes.
Voici la composition de l’association :

  • La présidente : la mère de Philippe Gérard
  • La trésorière :Christine, sa belle-sœur, la femme de son frère Alain
  • La secrétaire : Chicho, une amie de Philippe Gérard
  • Membre d’honneur : Martine, l’ancienne patronne de Philippe Gérard


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    Philippe Gérard effectuait beaucoup de voyages en Inde, au Népal et au Cambodge. Il se rapprochait d’orphelinats et des enfants des rues appelés  » plastic boys  » . Martine Jourdan -Pasquier participait à des voyages, et en novembre 2009, avait organisé une projection de photos montrant des « plastics boys, à la fin d’une séance de cinéma organisée par  » les cinglés du cinéma  » de Bourg-Saint-Maurice. A la suite de cette intervention la présidente de l’association leur avait fait don d’une somme de 500 euros. Cette somme avait été utilisée pour financer le tournage et la post production d’un film sur le travail des enfants indiens dans les rues de Katmandou. Ce film a été réalisé par le collectif  » Ghetto film production  » constitué d’anciens enfants des rues de Katmandou. Le réalisateur s’appelle Shusil. Il achetait des ordinateurs à des écoles, creusait un puit pour irriguer le potager, au monastère de Wat Noréa à Battambang au Cambodge.

    Des personnes bénévoles participaient aux projets, pour des récoltes de dons, de vêtements et nécessaires d’école, pensant contribuer à des actions nobles, alors qu’ils étaient des alibis pour le stratagème criminel. France 3 Auvergne-Rhône-Alpes avait relayé leur demande d’aide en juillet 2014 dans un article intitulé  » Avis aux alpinistes qui vont au Népal: et si vous faisiez partie d’une chaîne solidaire ?  » dans lequel l’association proposait aux voyageurs se rendant au Népal de servir de relai entre les familles françaises et les enfants népalais. En faisant un peu de place dans leurs valises pour y mettre des vêtements ou matériel scolaire.

    Les premiers soupçons sont nés au sein de l’association quand, en 2014, une adhérente a publié sur Facebook un article faisant état de la condamnation de 2005. Vers mars-avril 2015, l’association est dissoute. En février 2015, le suspect, à ce moment-là au Cambodge, disparaissait alors dans la nature. Mais il n’utilisait plus sa carte bancaire ni son e-mail pour prendre des nouvelles de sa mère et de son frère. Ces derniers ont reconnu l’avoir aidé dans sa cavale en lui envoyant de l’argent. Il a réclamé un passeport établi par son demi-frère, qui avait refusé.

    La police avait retrouvé sa trace en Alsace début août 2015, puis en Allemagne et à Cracovie, en Pologne. Finalement, Philippe est revenu à Alès, chez sa mère. Et c’est là qu’il s’est fait arrêter. Durant sa garde à vue, Philippe Gérard avait nié les faits reprochés, mais l’exploitation de son ordinateur avait révélé la présence de plusieurs centaines de documents à caractère pornographique mettant en scène des mineurs, principalement des enfants asiatiques et Indiens. Sur son blog, nous pouvons voir des photos d’enfants, certes non pornographiques, au regard des crimes dénoncés, ainsi que des annotations qui constituent des preuves également.


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    Philippe Gérard via  » PHILMY VOYAGEURS SOLIDAIRES  » collaborait également avec d’autres associations. C’est en octobre 2010, que Thierry Giraud, le fondateur de  » MANOJ « , avait réalisé un voyage humanitaire au Népal, dans le village de Simjung, avec Philippe Gérard. Son association accomplit des actions en local, mais depuis ce voyage en commun avec Philippe Gérard continue a apporter de l’aide au Népal.


    Philippe Gérard sortira de prison en 2030.





     

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