AFFAIRE ESTELLE MOUZIN [2003]

Estelle Mouzin, âgée de 9 ans, disparait en janvier 2003 à Guermantes alors qu’elle rentrait de l’école pour aller chez sa maman Suzanne. Le lendemain, le procureur de Meaux ouvrait une information judiciaire et saisissait le SRPJ de Versailles. Le commissaire de la PJ de Versailles, Jean-Marc Bloch est en charge de l’enquête. Les moyens déployés sont énormes (perquisition des 350 maisons de la commune, 1400 emplois du temps vérifiés, 170 policiers, 300 gendarmes et CRS) et la couverture médiatique impressionnante. Michel Fourniret est mis en cause une première fois mais son alibi, bien que fragile, l’écarte des accusations. Sans compter qu’une autre petite fille, victime d’une tentative d’enlèvement dans les mêmes conditions, ne l’identifie pas. Sarkozy annoncera même la création d’une cellule d’enquêteurs dédiée à cette affaire, donnant ainsi l’illusion que tout est fait pour retrouver Estelle. Plusieurs interpellations ont lieu, des fouilles sont entreprises, des expertises ADN effectuées… Mais rien n’aboutit à la découverte de la vérité.

On évoquera bien évidemment la piste d’un prédateur isolé, comme dans la plupart des cas d’enlèvements d’enfants, tellement plus pratique pour éliminer l’hypothèse d’un réseau. Les pistes suivies par les enquêteurs mèneront jusqu’à un restaurant près duquel des ossements ont été découverts … piste abandonnée. Un témoin évoquera un agent de la mairie dont le comportement le rendra suspect… piste abandonnée. Des polonais venus à l’époque participer à une congrégation ont été accueillis dans l’environnement familial d’Estelle. Ils faisaient partie d’une communauté affiliée à une secte, la communauté de Taizé, dont la réputation n’est pas très reluisante… piste abandonnée. Une photo fera beaucoup de vagues. Il s’agit de la photo d’une adolescente tirée d’un site pornographique estonien … piste abandonnée. Fourniret est à nouveau mis en cause, des milliers d’ADN étant retrouvés dans sa camionnette mais aucun n’appartient à Estelle … piste abandonnée. Il demandera même, dans une lettre,  au juge d’être entendu au sujet de cette affaire mais le parquet refusera pour des raisons de procédure.  Nordhal Lelandais sera auditionné à la demande de la famille … piste abandonnée. La détermination du papa d’Estelle depuis le début ainsi que la mobilisation de personnes qui se sont regroupées en association, auront permis que cette affaire ne tombe pas dans les oubliettes judiciaires. Une autre piste, bien que sujette à controverse, mérite une attention particulière.

Elle a été soulevée dès le début de l’enquête, en août 2003. Marc Silva, un policier de l’Office central pour la répression contre le banditisme (OCRB) enquête sur la disparition de Léo Balley survenue le 19 juillet 1996 à Grenoble et celle de Marion le 14 novembre 1996. Sa sœur, Elisabeth dit avoir des facultés de voyance et participe aux deux enquêtes, donnant aux policiers des éléments qui seront confirmés par les investigations. En 2003, lorsqu’Estelle disparait, Marc transmet aux policiers les informations “perçues” sur son prédateur, mais ces informations seront contredites par les officiers de l’ORCB. En août 2003, Marc et Elisabeth, avec leur famille prennent subitement la fuite en direction de l’Angleterre suite à de graves menaces, déclenchant un état d’alerte maximal des autorités. Se pose alors une incompréhension : pourquoi la disparition d’un policier qui n’est l’objet d’aucune accusation déclenche d’aussi gros moyens pour le retrouver ?

De retour en France quelques années plus tard, ils disent être toujours victimes de la cabale menée contre eux. Elisabeth, dans son livre, dira que l’affaire concernant Estelle Mouzin est classée secret défense et des éléments relevant du secret militaire paraitraient sur le dossier lié à la commission rogatoire, confié à un adjudant. Donc autre incompréhension : pourquoi l’enlèvement d’une petite fille par un soi-disant prédateur isolé, serait classée secret défense ? Elisabeth écrit en parlant de l’adjudant : ” Ce dernier m’exhorte dans le procès-verbal d’audition, signé par moi-même et contresigné par ce dernier de ne jamais révéler à la presse les informations délivrées. Il m’informe ouvertement des dangers qui pèseraient sur ma personne si toutefois ces révélations étaient connues de la presse et recommande mes services pour élucider des affaires de disparitions et autres à de hauts gradés de la Gendarmerie de DAX, en leur signifiant que mon anonymat doit absolument être conservé pour préserver ma propre sécurité”.  En 2015, Marc meurt lors de l’incendie de la maison qu’il occupait avec sa famille. Sa sœur sera envoyée en psychiatrie et finira en prison pour une durée de 20 ans, accusée d’être l’auteur de l’incendie. Vous remarquez qu’à chaque fois, la santé psychologique reste l’argument idéal pour écarter les gêneurs.

Bien-sûr la presse appuiera sur cet aspect en les faisant passer pour délirants, complotistes… Et comme à cours d’inspiration, voilà que Fourniret réapparait dans cette enquête… En novembre 2019, c’est sa femme Monique Olivier qui le dénonce à la juge Sabine Khéris. Elle avoue avoir menti sur son alibi en 2003 et affirme que son mari est celui qui a enlevé Estelle : il lui aurait dit aller chasser et aurait enlevé la petite fille qui rentrait de l’école. A départ, Fourniret ne confirme ni n’infirme ces propos mais il finit par avouer sa participation. Début 2020, des fouilles sont entreprises dans ses deux propriétés mais n’aboutissent à rien, toujours aucune trace d’Estelle… Connaissant leurs méthodes perverses, le pédo tueur en série Fourniret serait probablement le bon client, le prédateur isolé comme ils disent, sur qui on remet la culpabilité, histoire de clore l’affaire. Une bien sordide affaire qui soulève encore une fois l’hypothèse d’un réseau couvert par des pédopolitiques, des pédomagistrats et les médias collabos, utilisant à leur guise leurs pions sur l’échiquier…

Mise à jour Août 2020: Monique Olivier affirme au juge que son mari a enlevé , violé et tué Estelle dans la maison de sa sœur dans les Ardennes.Un matelas avec deux traces d’ADN de la fillette y avait été découvert. Une légère impression qu’on veut vite clore l’affaire … Non? Depuis le mois de mars de cette année, les événements et aveux se succèdent alors que tout était flou depuis 2003. Fourniret étant déjà condamné deux fois à perpétuité, il devient le client idéal pour endosser une culpabilité supplémentaire et ainsi éviter de creuser encore plus profondément dans les méandres de cette affaire. Cela n’est bien évidemment qu’une interprétation mais le déroulé de l’enquête comporte encore beaucoup de zones d’ombre et cette soudaine dénonciation tombe à pic pour clore une affaire bien obscure…

MAJ Octobre 2020 : A l’initiative de la juge Khéris, une reconstitution de la disparition d’Estelle a lieu à Guermantes en présence de Fourniret et sa femme. Le but étant de raviver les souvenirs du violeur… Sur les lieux, Monique Olivier confirme ses accusations d’enlèvement mais Fourniret n’exprime rien, comme spectateur de cette mise en scène. Cette mascarade n’aura que pour finalité de convaincre le public que LE réseau n’existe pas.

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UPDATE 20 NOV 2020 : Il a dit à la police où se trouve la petite fille Estelle Mouzin, MAIS… la police n’ira pas chercher le corps ou quoi que ce soit avant le 7 décembre… super. Comme ça, ils pourront faire le ménage ! !!

 

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