CAROLINE DU SUD (USA) : Enfants à vendre

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La Caroline du Sud semble être un haut lieu de la prostitution infantile. À l’image de Kat Wehunt ou Heather Pound, de nombreux enfants se retrouvent obligés de se soumettre aux dégueulasseries que les adultes leur imposent. Âgées toutes deux de 14 ans à l’époque des faits, les adolescentes ont été contraintes de faire ce que leurs bourreaux leur ordonnaient : « De 14 à 17 ans, j’ai été vendue à des pasteurs, des médecins, des avocats, des policiers, et des gens dont on pense qu’ils n’achèteraient jamais les services sexuels d’un enfant m’achetaient », a déclaré Kat Wehunt, prostituée par l’un de ses proches qui abusait d’elle depuis son plus jeune âge.




Comment en sont-elles arrivées là, vous demandez-vous ? Elles ont été vendues de la pire des manières, puisque trahies par l’un de leurs proches. Les victimes connaissent souvent leurs trafiquants et leur font confiance. Selon le projet Polaris, le groupe qui gère la ligne téléphonique nationale, la famille est le deuxième pôle de recrutement. “Souvent, les gens pensent à l’argent parce que l’industrie est estimée à 150 milliards de dollars par an, mais nous avons vu de la nourriture, des vêtements, des parents échanger leurs enfants contre un loyer”, précisait Kathryn Moorehead, directrice de la South Carolina Human Trafficking Task Force. Selon les forces de l’ordre, la drogue est souvent le moteur qui conduit un adulte à vendre un enfant. Les trafiquants le savent bien, et recherchent en priorité des gens perdus, pauvres et dépendants. Les principales victimes sont des filles et des femmes mais, parmi les 22 326 victimes identifiées de la traite humaine en 2019 sur le territoire américain, il y a également des garçons et des hommes. Introduites dans ce terrible système par des gens en qui elles avaient confiance, les prostituées infantiles sont repérées et exploitées par des trafiquants. Ceux-ci cherchent avant tout ceux qui ont été victimes d’abus dans le passé, les fugueurs ou les enfants confrontés à une vie familiale instable. Quoi de mieux que des êtres fragiles, réclamant la protection, faciles à manipuler ? « Un jeune, qui recherche le soutien ou l’amour de quelqu’un et que quelqu’un le lui apporte, il pense qu’il subvient à ses besoins. Ils n’ont pas l’impression d’être victimes à leur tour. Ils ont simplement l’impression de rendre la pareille », a déclaré M. Moorehead. C’est ainsi qu’Heather a connu une véritable descente aux enfers : « Il a dit qu’il m’aimait, qu’aucune mauvaise chose ne m’arriverait plus jamais, qu’il allait prendre soin de moi. C’était comme s’il arrivait en tant que mon chevalier en armure brillante et que toutes les mauvaises choses allaient disparaître, et j’ai cru tout ce qu’il disait”, a-t-elle regretté. Pour mieux la tenir sous sa coupe, il l’a droguée, l’a rendue accro. Pendant les 18 années qui ont suivies, la jeune femme a fait le trottoir. La prison a fini par la sauver, quand elle s’est enfin rendue compte de son statut de victime. Pour guérir des blessures de leur passé, les deux femmes ont choisi de consacrer leur temps à aider leurs semblables. En fondant des associations pour recueillir, éduquer, écouter et soutenir les victimes de la traite humaine, Heather et Kat agissent concrètement contre les trafiquants.source 1,2.



Malheureusement, ces histoires sont loin d’être des drames isolés. En 2016, une femme du comté de Richland a dit à sa sœur de 13 ans et à la meilleure amie de celle-ci qu’elles se rendaient toutes trois à une soirée d’anniversaire. C’était un piège. La femme a livré les deux adolescentes à Quincy Brian Bright, un monstre condamné depuis pour deux chefs d’accusation de traite des êtres humains, de possession de drogue et de contribution à la délinquance d’un mineur. Celui-ci avait invité des hommes, qui ont violé les filles chacun leur tour en échange d’argent. La Caroline du Sud, encore une fois… À l’image de Myrtle Beach, cet état est le centre de nombreux échanges entre parents de victimes et de pédophiles prêts à payer. En 2016, un cas sur vingt de recrutement d’un membre de la famille s’est produit en Caroline du Sud. C’est ainsi qu’une femme a autorisé son colocataire masculin à violer sa fille de 13 ans, en échange d’une réduction de loyer sur leur appartement du comté de Greenville, en 2017. Une autre femme a laissé son patron avoir des relations sexuelles non consenties avec sa fille de 16 ans en échange d’argent, dans le comté de Berkeley la même année. Et ce ne sont que des exemples ! La traite familiale est souvent identifiée à tort comme un abus d’enfant, un viol ou un inceste, ce qui rend presque impossible pour le public d’en comprendre l’ampleur. « Il y a cette idée que la traite des êtres humains est le fait de proxénètes qui envoient des enfants pour gagner de l’argent, mais cela se passe en réalité au sein des ménages. Cela peut arriver dans n’importe quelle communauté », a déclaré Shauna Galloway-Williams, directrice exécutive du Julie Valentine Center. « Beaucoup de ces crimes ne sont pas signalés chaque année. Les enfants savent que le fait de signaler ces crimes pourrait briser la famille. Et la plupart du temps, ils veulent simplement rentrer chez eux », a précisé la juge Melissa Buckhannon. « C’est la personne à qui je suis censé m’adresser quand je suis blessé ou effrayé, et c’est la même personne qui me fait du mal », poursuit Galloway-Williams, conseiller professionnel agréé du Centre Julie Valentine. Là où il est difficile pour un enfant de parler de ce qu’il subit, c’est que son bourreau est quelqu’un qu’il aime profondément. Dans certains cas, les adultes disent aux enfants ce qu’il pourrait se passer si le secret est dévoilé. La relation est utilisée pour du chantage affectif ignoble. « Ils peuvent avoir peur de ce qui va leur arriver ou à quelqu’un qu’ils aiment, surtout si c’est un membre de la famille qui est le seul à subvenir aux besoins de la famille », a déclaré Mme Galloway-Williams. « Ils peuvent perdre le toit au-dessus de leur tête. Ils peuvent être obligés de quitter la maison. Il se peut que quelqu’un d’autre doive quitter la maison. ».



Parmi les victimes dont nous venons de parler, beaucoup mentionnent Myrtle Beach. Ville balnéaire bordant l’Océan Atlantique, cette jolie cité de 30 000 habitants est visitée chaque année par des millions de personnes. Mais ce cadre idyllique cache une sombre réalité. En septembre 2020, Theodore Woolings Bye III est arrêté, et 26 chefs d’accusation sont portés à son encontre. La même semaine, c’est un homme de 62 ans, Randy Mickael Faulkner, qui tombe pour six chefs d’accusation, dont exploitation de mineurs au second degré. La liste est horriblement longue ! Ce lieu de villégiature pour familles ne serait-il pas un haut lieu du tourisme sexuel infantile, à l’image de la Thaïlande ou du Maroc ? Si l’on regarde les chiffres de pédophiles listés, on voit bien à quel point la Caroline du Sud est pourrie par ce fléau. Ce n’est pas pour rien que c’est l’un des 14 états américains qui, en 2017, autorisait le mariage dès l’âge de 13 anssource 1.2 Vendre l’un des siens, une pratique répandue dans le monde. Les chiffres connus sont effarants, et ne représentent pourtant qu’une infime partie de la réalité de la traite des hommes. 30% du trafic concernerait les enfants, dont une majorité de filles. Selon les estimations, ce seraient donc en 2016 plus de 10 millions de mineurs qui auraient été vendus. 72% de ces fillettes le seraient à des fins de trafic sexuel. Et combien d’enfants sont échangés sans que personne ne le sachent, puisqu’ils n’ont pas d’identité officielle ? Les failles profitent aux monstres, qui savent où chercher pour trouver la chair fraîche qu’ils vont faire tourner auprès de riches sans scrupules, et de moins riches aussi. Pour tous ces pédophiles, la vie d’un petit n’a d’autre prix que celui qu’il rapportera à ses bourreaux. Si l’on comprend que dans beaucoup de pays, des gens connaissent une pauvreté telle qu’ils sont prêts à n’importe quoi pour sortir la tête de l’eau, que dire de ce qu’il se passe dans nos pays dits civilisés ? En juin 2019, un article relate ainsi une vérité que l’on aurait aimé oublier : l’Europe est elle aussi concernée ! La prostitution infantile et l’utilisation d’enfants à des fins de travail forcé ou pour faire partie de gangs n’est pas une ancienne pratique. Ainsi, au Royaume-Uni, entre 2018 et 2019, le trafic de mineurs a doublé, et l’esclavage d’enfants a connu une croissance encore plus grande. C’est désormais via internet que se font la plupart des contacts entre mineurs et proxénètes, ou mineurs et clients. Selon les autorités des états européens, ce sont en grande partie des jeunes issus de rupture familiale ou de l’immigration qui sont concernés. Alors que dire des enfants d’Outreau, de ceux d’Angers ou de cette affaire en Allemagne ? source 1.2



De nombreux enfants, persuadés que c’est le seul moyen de subvenir aux besoins de leur famille, acceptent ainsi d’être exploités. Nombre d’entre eux en périssent après avoir été kidnappés. En Algérie, 276 enfants ont disparu en 2012, nombre d’entre eux ont été retrouvés assassinés et ayant subi des violences sexuelles, 13 enfants par heure disparaissent en Inde. Voilà une partie de la réalité de ce que subissent ces enfants. Trahis et vendus, forcés à connaitre des horreurs, encore, et encore, et encore… Qu’imaginer de pire ? Ces petits doivent être protégés ! Comment reconnaître un enfant victime de tels agissements ? C’est parfois plus compliqué qu’il n’y paraît, puisque les petits ne présentent pas forcément de signes de maltraitance. Pour certains, ce qu’ils ont été forcés de faire est vu dans leur esprit avec culpabilité, honte et peur. Une fois encore, l’adulte sait manipuler l’enfant, jouant sur toutes les cordes sensibles possibles. Et ce ne sont pas, malheureusement, les quelques rescapés qui ont monté une association, qui permettront de stopper ce monstrueux trafic. Alors, comment empêcher que de telles ignominies ne se reproduisent ? Aider les familles à éradiquer la pauvreté et la dépendance à la drogue suffirait-elle ? Ou bien le monde ne parviendra à en finir un jour avec ce monstrueux trafic qu’en traquant sans fin et sans pitié chaque pédophile prêt à détruire des vies innocentes ? Si les deux solutions peuvent sans doute être complémentaires, parfois la plus radicale est encore la meilleure !

 

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