
Venouse est une commune de 300 habitants qui se situe à 15 km au nord d’Auxerre et à 1 km de Rouvray où Émile Louis vivait avec sa femme, Simone Delagneau, de 1955 à 1978.
Si le passé pédocriminel de Michel GARNIER est connu, c’est grâce à la pugnacité et au travail d’enquête de Jérôme NOZET, une de ses victimes.
MÉMOIRE TRAUMATIQUE :
En 1994, Jérôme a 24 ans et quand sa mère, Maryse, décède d’un cancer, Il fait une dépression. Il avait des rapports conflictuels avec sa mère sans vraiment les comprendre. A ce moment-là il est en couple avec Sandra depuis 10 ans et elle assiste impuissante à son état qui se dégrade. Il boit beaucoup d’alcool, fume du cannabis, s’isole et alterne des moments de mélancolie et de colère. Sa dépression lui a permis de trouver des explications. C’est là que ses murs amnésiques se sont effondrés et ses mémoires liées à ses abus sont revenues. Il se souvient des lieux et voit le visage de son violeur : Michel GARNIER. Les abus ont duré de ses 9 ans et demi à ses 15 ans et demi. Il décide de se confier par courrier à une amie, préférant épargner Sandra de ce secret, mais elle tombe sur ce courrier et découvre les abus qu’a subit son compagnon durant son enfance. Cela lui permet de mieux comprendre l’état dépressif et addictif et décide de ne pas lui dire qu’elle sait.
Leur vie de couple ne résiste pas à cette situation et Sandra le quitte. Jérôme est alors au plus mal. Il plonge encore plus dans la dépendance à l’alcool et sera pris en charge dans un foyer pour alcoolique. A ce moment-là, cela fait 3 ans que ses abus lui sont revenus et il n’a toujours pas révélé son secret à ses proches. Le 23 novembre 2002, 16 ans après la fin des abus et après 10 années d’amnésie traumatique, Jérôme dénonce publiquement son violeur. À l’occasion d’un repas pour les 30 ans de mariage des beaux-parents de son frère, Yvan, qui se déroulait au foyer rural, il s’absente au début de la fête pour distribuer des tracts dénonçant Michel GARNIER dans les boîtes aux lettres. Puis, en rassemblant son courage, il confie son secret à son père, Gilles. Plein de colère, car le violeur de son fils est son meilleur ami, il avait voulu aller voir Michel GARNIER pour le forcer à aller tout avouer à la gendarmerie.
RETOUR EN ARRIÈRE :
Michel GARNIER est un enfant du pays, il était en classe avec le père de Jérôme, avec Raymond DEGRYSE, aussi, qui est le maire de Venouse depuis 2010. Au vue de la taille de la commune, tous les enfants fréquentent l’unique école et Jérôme a comme copain, Damien, le fils de Michel GARNIER, et c’est naturellement que Maryse et Gilles, les parents de Jérôme sympathisent avec les parents de Damien. Les deux couples se sont fréquentés régulièrement. Michel GARNIER élevait des cochons et propose aux parents de Jérôme de l’accompagner tous les mercredis quand il allait chercher ses bêtes dans ses champs, contre un petit billet. Au début, GARNIER instaure un climat de confiance en le considérant comme un copain, lui faisant vivre des choses qu’il n’avait jamais faites, comme l’emmener au restaurant, ou lui faire expérimenter la cigarette. Aussi il lui faisait des cadeaux. Le premier abus est arrivé en revenant d’aller chercher des cochons, prétextant vouloir uriner, il s’était arrêté sur le côté dans un champ. Jérôme a un trou noir. Il lui donne un billet plus important que les autres fois et c’est pour acheter son silence. Cela se passait à chaque fois. Il ne dit rien à ses parents mais il dit qu’il ne veut plus aller accompagner Michel GARNIER au ramassage des cochons.
APRÈS LA DISTRIBUTION DE TRACTS :
Tout le monde en a parlé mais le village est dans le déni.
Face aux révélations de Jérôme, Michel GARNIER décide de prendre un avocat, Maître REVEST.
24 novembre 2002 : Michel GARNIER se rend à la gendarmerie de Ligny le Chatel pour dire qu’il est victime de chantage et de diffamation.
2 décembre 2002 Jérôme porte plainte et est entendu par les gendarmes. Il fait sa déposition et dénonce les abus subis par MG. Les gendarmes lui disent que les faits sont prescrits depuis 1996 car à l’époque la prescription est de 10 ans après la majorité.
C’est le choc.
Il décide d’enquêter et cherche d’autres victimes. Il rencontre le frère de Michel GARNIER, qui lui avoue que son frère a abusé de lui quand il était enfant, il y a 40 ans. Il lui dit que des enfants de la DDASS qui avait été placés chez GARNIER avaient été abusés également.
En 2005, Jérôme retrouve une nouvelle victime, un jeune homme qui avait été placé. Il s’appelle Laurent. Cette rencontre fût décisive car les abus dont a été victime Laurent ne sont pas prescrits. Ils sympathisent. Jérôme le convainc de porter plainte.
Jérôme lui trouve une avocate : Maître Isabelle DEJUST. Elle devient l’avocate des autres victimes.
Le 6 juillet 2005 Michel GARNIER est placé en garde à vue à la gendarmerie et mis en examen pour viol sur mineur de moins de 15 ans.
En 2008, Christopher, une deuxième victime non prescrite, porte plainte. Les faits se sont produits en 2002, juste au moment où Jérôme faisait éclater l’affaire en distribuant des tracts. Ce qui remet en perspective la loi sur la prescription, si celle-ci n’avait pas si la prescription existé au moment de la plainte de Jérôme en 2002, cela aurait sauvé Christopher.
Difficile pour Christopher d’avoir été face à son agresseur lors des confrontations. Les plaignants n’étaient pas considérés et Michel bénéficiait d’une bonne notoriété.
Le 4 avril 2009, le corps de Michel GARNIER est repêché dans l’Yonne. Il s’était suicidé. Il devait se présenter pour son contrôle judiciaire le 4 avril 2009.
LIEUX D’ABUS :
- Le foyer rural de Venouse, là où se passaient les entraînements de ping pong. Son père le déposait et MG le ramenait.
- Sur la route de retour du ramassage des cochons.
- Dans la maison de Michel GARNIER.
PROFIL DE MICHEL GARNIER :
Une centaine de victimes potentielles entre 1960 et 2002.
70 victimes avérées dont 3 non prescrites.
Il est très présent dans la vie sociale de Venouse (Même mode opératoire que Jacky Kaisersmertz à Cosne Cours sur Loire) :
- Entraîneur de football
- Entraîneur de ping-pong
LES PROTAGONISTES JUDICIAIRES :
- Avocat de Michel GARNIER : Maître Bernard REVEST
- Avocat des plaignants : Maître Isabelle DEJUST
- Procureur de la République d’Auxerre : Grégory LEROY
LES REPORTAGES SUR L’AFFAIRE :
En 2009 : les réalisateurs Julien Mignot, Vincent Kelner et Emmanuel Amara ont dû effectuer un long travail d’approche. En tout, il leur faudra deux ans et demi d’enquête, dont un an de tournage. C’est un documentaire sensible, pudique, qui reconstitue méthodiquement l’enquête et le cheminement psychologique de Jérôme Nozet.
Dans ce documentaire, les beaux-frères de Michel GARNIER, Jean-Luc DUPAS et Yves MERLET ont témoignés et ont avoués qu’ils connaissaient ses actes pédocriminelles. Yves MERLET, expliquait qu’un neveu avait été victime de tentative de viol. Le petit garçon s’était confié à ses parents en disant que GARNIER lui avait proposé de l’argent en échange des abus.
Puis, en 1990, une belle-soeur avait surpris Michel GARNIER avec un de ses fils dans un grenier, qui avait 9 ans à l’époque. Toute la famille a été au courant. Les deux beaux-frères explique qu’ils avaient accepté les faits et n’avait rien dit. Les réalisateurs avaient réussi à filmer Michel GARNIER en caméra caché qui a avoué les abus mais en se justifiant.
Christopher avait y avait témoigné à visage caché.
En 2024 : Alors que Jérôme ne voulait plus parler de ce qu’il avait subi, il est contacté par Thierry Fournet et Vincent Hérissé les deux co-réalisateurs et documentaristes de la série documentaire « La Conspiration du silence », consacrée à des crimes commis dans l’Yonne. Ils souhaitaient parler de Michel GARNIER pour la 3 ème saison et dernière saison.
L’ASSOCIATION DE JÉRÔME :
Jérôme a créé son association, «L’Association Maryse Nozet», en hommage à sa maman. C’est une association de loi 1901 à but non lucratif. Elle a été créée en Février 2005 et est basée à Héry dans l’Yonne. Elle comporte actuellement 49 adhérents. Composition du bureau:
- Président : Jérôme NOZET
- Secrétaire : Gilles NOZET
- Trésorier : Danielle ABGRALL
- Trésorier adjoint : Yvan NOZET
Les actions :
- Ecoute et soutien moral
- Informations sur les structures publiques ou associatives d’aides aux victimes
Lorsqu’une action en justice est envisagée ou engagée :
- Renseignements sur les droits et textes de loi
- Information régulière sur le déroulé de l’enquête
- Conseils et / ou réalisations de certaines formalités administratives
- Recherche et contractualisation avec des avocats
- Organisation et prise en charge financière des déplacements liés à l’instruction
Lorsque cela est nécessaire :
- Aides à la recherche d’un emploi, d’un logement
- Aides financières ponctuelles
LES LIENS POSSIBLES ENTRE ÉMILE LOUIS ET MICHEL GARNIER :
- C’est Michel GARNIER qui avait trouvé le corps de Sylviane LESAGE, une des disparues de l’Yonne, dans la grange de son frère. Il met 2 semaines avant de prévenir les gendarmes. Comportement suspect.
- La grange se situe à moins de 100 mètres du lieu où Émile LOUIS allait pêcher.
- Rouvray où habitait Émile LOUIS Simone Delagneau, de 1955 à 1978 se trouve à une distance d’1 km de Venouse où vivait Michel GARNIER et sa famille et au même moment.
- Emile Louis avait expliqué qu’il allait chercher Françoise LEMOINE, l’une des disparues de l’Yonne, à la sortie des abattoirs d’Auxerre et Michel GARNIER allait tous les jours emmener ses cochons à cet abattoir.
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