Pour contextualiser le phénomène, en juin 2019, le rapport mondial sur la traite des personnes publié par le Département d’État des États-Unis décrivait le Kenya comme source, point de transit et de destination des personnes victimes de la traite à des fins sexuelles et à du travail forcé. L’Arabie Saoudite entre autres étant très friande en terme d’employés de maison via des agences de recrutement basées au Kenya, souvent victimes de violences physiques et sexuelles, parfois de meurtres. En 2016, le gouvernement Kenyan a déclaré lui-même une alliance de trafic d’organes en lien avec le Kosovo, la Croatie et la Turquie. Enfin, nous rajouterons que l’Agence nationale pour l’interdiction de la traite d’êtres humains (NAPTIP) signale qu’environ un million de personnes, dont la majorité sont des femmes et des enfants, sont victimes de la traite chaque année au Nigeria et partent vers l’Italie, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, les pays de l’Est et la Russie. Le décor est planté.
Dans le cadre du BBC World Service, la BBC a créé Africa Eye, un réseau de journalistes d’investigation formés à travers le continent. Ceux-ci ont partagé un reportage sur le trafic d’enfants à Nairobi : se faisant passer pour des acheteurs de bébés, ils se sont arrangés pour acheter un enfant abandonné dans l’hôpital public. Cela a déclenché une enquête et l’arrestation de nombreuses personnes. En effet, dans les rues de Nairobi, certaines femmes en détresse, en manque d’argent et sdf, se font voler leurs bébés en pleine rue. Comment procèdent les trafiquants ? Ce cartel (syndicat) est composé d’opportunistes vulnérables et de criminels organisés, les deux catégories travaillant de concert. Le modus operandi est simple, mettre en confiance la victime par la ruse ou en la droguant afin qu’elle confie son enfant pour ensuite prendre la fuite. L’enfant sera ensuite vendu à un intermédiaire pour parfois quelques centaines d’euros et il disparaîtra dans la nature. Dans les bidonvilles, des cliniques clandestines proposent également aux mères d’acheter leur nourrisson à la naissance, la mère ne touchant que ¼ du prix de vente ou parfois rien du tout. Mais cela va encore plus loin, jusque dans les couloirs de l’hôpital public où des travailleurs sociaux et médecins vendent des enfants en transit à l’adoption sur commandes. La finalité est que ces enfants termineront vendus entre 350 et 2000 euros pour une adoption de manière illégale avec de faux papiers ou bien comme main d’œuvre voire pour des sacrifices humains. Dans le cadre du reportage de la BBC, 7 personnes appartenant toutes à l’hôpital public Mama Lucy seront poursuivies: Dr Emma Mutio (directrice de l’hôpital Mama Lucy), Dr Regina Musembi et Juliana Mbete Kimweli (administrateurs), Musa Mohammed Ramadhan (surintendant médical), Béatrice Njambi Njoroge (unité des nouveaux-nés), Selina Awour Adundo et Makkalah Fred Leparan (travailleurs sociaux) sont accusés de traite d’enfants par le tribunal. L’avocat qui représente les accusés, Danstan Omari plaide pour un relâchement des accusés en attendant le jugement. Danstan a été officier des enfants au département des services de l’enfance, bureau du vice-président du gouvernement du Kenya, c’est une personne influente travaillant pour le gouvernement. Plutôt étonnant de le retrouver à défendre cette clientèle, lui qui est censé défendre le droit des enfants ! De gros doutes peuvent être émis quant à la fiabilité du système judiciaire et hiérarchique du pays où la corruption est omniprésente. La procureure Caroline Kirimi a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve liant les accusés au scandale de la traite d’enfants, ils ne seront donc pas poursuivis. Bref, ça sent la fuite et sur 7 inculpés, comme pour les réseaux, un seul sera coupable.
La DCI (la police au Kenya) a déclarée qu’elle avait des raisons de croire qu’il existe un gang bien organisé à travers tout le pays. Selon l’organisation gouvernementale Missing Child Kenya, 600 cas ont été recensés depuis 3 ans mais ils sont des milliers à disparaître chaque année. Selon Mme Munyendo, fondatrice et directrice de l’ONG, le problème est très important au Kenya, il n’est pas assez signalé et ce n’est que la surface. Même s’il s’agit d’un crime, ce n’est pas une priorité dans le plan des autorités, ni des médias pour pousser les autorités à agir, vu le statut économique de ces mères, qui n’ont aucun moyen, ni réseau, manquant d’informations pour protéger leurs enfants et demander de l’aide dans la recherche de leurs enfants disparus. Suite à ce scandale lié à l’enquête de la BBC Africa Eye, les autorités du Kenya ont décidé de renforcer la sécurité dans les hôpitaux et les maisons pour enfants. Selon les propos du Secrétaire du cabinet du travail et de la protection sociale, Samuel Chelugui, « Nous condamnons le vol et la vente présumés de bébés à Nairobi et dans toute autre partie du pays », il fait sous-entendre que ce ne sont que des allégations, alors qu’ils ont déjà toutes les preuves en main depuis des années. Les cliniques illégales, dites « de rue » existent depuis toujours. Les autorités ne font rien pour faire fermer ces cliniques et mettre en place un système fiable pour la sécurité des mamans et leurs bébés. Même s’il existe des procédures d’adoption légales au Kenya, les autorités ferment les yeux sur un système criminel rodé depuis des années. Car, il y a peu d’arrestations et de condamnations de ces trafiquants suite aux enquêtes internes.
Pourtant, les affaires comme celles-ci sont nombreuses. L’affaire des « Miracles Babies » du Pasteur Gilbert Deya de 2005 à 2017 révélera que “son « église » faisait partie d’un réseau international responsable de l’enlèvement de bébés et de jeunes enfants”. Il prétendait pouvoir engendrer des grossesses miraculeuses sur des femmes stériles … alors qu’il gérait un réseau de trafic de bébés par le biais de cliniques clandestines. En 2017, ce sont 3 bus qui ont été interceptés par la police. Ils transportaient des enfants en destination de Nairobi. On peut citer aussi l’arrestation en 2020, de deux femmes à Mlolongo, dans le comté de Machakos. L’une d’elles, la mère, tentait de vendre son fils pour 440 USD, elle a été piégée par la police. Toujours en 2020, des enfants de 13 à 17 ans ont été arrêtés lors d’une soirée agrémentée de bhang (produit à base de cannabis, Space Cake) et des boissons alcoolisées, la police a trouvé des préservatifs. Les trafiquants tiraient de gros profits de ces images pédopornos. Le gouvernement kenyan ne tient aucune statistique de la traite des enfants, il n’y a aucun rapport, ni enquête complète de sa part. Le problème est aussi culturel et stigmatise autour de l’infertilité. Une femme est rejetée de sa famille si elle ne peut pas enfanter, et surtout un garçon. Alors, celles qui ne peuvent pas avoir d’enfants les volent à d’autres jeunes mères vulnérables par ce réseau de trafiquants. Pourquoi le Kenya est-il touché aussi fortement par l’infertilité ? On peut facilement faire le lien avec les campagnes de vaccination généralisée dans plusieurs pays d’Afrique, décidées par les gouvernements, avec les vaccins de Bill Gates, sous prétexte d’éradiquer le paludisme, l’Ebola, le tétanos, etc, qui contiennent des produits stérilisants et qui sont administrés à l’insu des populations. La stérilité et la pauvreté de ces femmes qui sont voulues délibérément par ces gouvernements corrompus et ces « élites » avides de pouvoir et d’argent, alimentent le trafic gigantesque de ces enfants dont personne ne se soucie, ni de leur mère. C’est un crime contre l’humanité, un crime contre les enfants !
Sources 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
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